On a été encore récemment amené à penser que l'air et l'eau étaient gratuits pour tous. Avec le processus de capitalisation, les éléments naturels tels que l'air et l'eau ont représenté un coût de plusieurs milliards versés aux impôts. Dans la pluparts des cultures, le territoire était considéré comme un bien collectif et l'agriculture et l'élevage s'effectuaient sur les bases d'une distribution temporaire du sol. Le partage des terres était fondé sur le principe du bien collectif. Le droit du sol comme possession personnelle dans les textes de loi est l'un des outils modernes les plus importants de l'impérialisme. La circulation des aliments est de nos jours une énorme affaire de transport et de subventions, définie au niveau national par des règles administratives. Les multinationales et sydicaux réduisent la qualité de l'alimentation et pour la faune et la flore, le copyright remplace la notion de bien collectif.

Un autre discours peut être tenu à ce sujet. En effet, le traitement des eaux n'a jamais été aussi possible pour autant de personnes, les dégâts de pollution de l'air sont analysés depuis des années et sont en passe d'être amoindris et de nouvelles règles d'hygiène et formes de distribution de l'alimentation vont permettre de répondre à l'accroissement de la population. La question se pose alors de savoir qui va payer pour cela. L'argent du contribuable d'Europe doit-il être utilisé afin d'encourager l'essor des pays en développement comme cela l'a été formulé à Copenhague?

On devine de nombreuses sources de conflit. Et pourtant, il peut en être autrement. Le nombre redouté de guerre pour l'eau se verra-t-il diminuer si une grosse partie des populations se mobilise pour stopper les exploitations abusives du sol?

Enfin, la nature peut être également appréhendée d'un point de vue poétique. L'eau dans sa beauté et son mystère. La nature luxuriante avec ses faisans et ses coings des natures mortes. L'air, avec le vent et les nuages, qui portent les oiseaux et les montgolfières.

Quelles sont différents points de vue des artistes sur ce sujet?

Malam a été l'un des permiers artistes à avoir thématisé l'utilisation d'agrocarburant dans les moteurs. Avec une violence atroce, il représente dans Pétrole contre nourriture un personnage de gypse allongé sur le châssis d'une moto, la tête coincée dans la fourche, son corps ensanglanté hérissé de seringues et entouré de béquilles, de puces magnétiques et d'emballages pharmaceutiques. Son travail fait à présent partie d'une collection allemande.

Nicole Giraud enferme dans des bocaux les formes figuratives des quatre éléments qui dépérissent dans leur propre métaphore. Dalila Dalleas évolue d'une critique mordante de la société à une peinture de formation de nuage. Chéri Samba s'envole dans l'espace à la recherche d'eau. Assis sur une fusée, il a emporté avec lui un lampe à pétrole, un seau et un jerrican. Le tableau a été exposé pendant la biennale de Venise en 2007 et dans notre galerie.

Dans le tableau Afronaut, Daniel Kojo Schrade représente deux jeunes africains en train de regarder une soucoupe volante s'envoler. Le film de George Osodi présenté à la dernière Documenta a marqué la mémoire de nombreux visiteurs. Tourné au delta du Niger, il montre la pollution, la criminalité et la guerre civile présents dans cette région. Dans notre précédente exposition, l'artiste lançait, au travers de ses photographies d'accidents arrivés au Nigeria, un signal contre la folie incendiaire.

Le sommet de Rio de Janeiro en 1992, a été pour Ralf Schmerberg le déclencheur de sa série de photographies des guerriers blancs dont la production s'est étalée sur deux ans. Cette exposition a connu ces dernières années un succès extraordinaire. Goddy Leye raille dans une vidéo le We are the World en s'allongeant au milieu d'ananas, de bananes et de melons. Au milieu des fruits, il chante et mange bruyamment. A travers cette vidéo, il cherche à sortir du cliché, souvent présent dans les esprits, d'une Afrique souffrante.

L'exposition.

Certaines œuvres de ces dernières années ont été selectionnées pour l'exposition mais nous souhaiterions en ajouter de plus récentes. Nous invitons donc les artistes qui voudraient participer à ces cycles d'expositions à présenter leurs points de vue actuels sur les thèmes de l'eau, de l'air ou de la nourriture.